Sur la trace des dictatures les plus folles du monde

Pour beaucoup, le mot dictature est associé à des fous sanguinaires qui ont malheureusement laissé leur trace sur l’Histoire : de Hitler à Mao Zedong, en passant par Staline, tous cumulent un culte de la personnalité exacerbé et un dédain des droits de l’Homme les plus élémentaires. Ce qu’on oublie parfois, c’est que de tels dictateurs existent encore aujourd’hui et que certains pays portent la patte de leur maître. Voyage au bout de la folie dans deux pays étonnants qui relèvent de la dictature : le Turkménistan et la Corée du Nord.

 

Le Turkménistan, pays du Türkmenbaşy

Monument à la gloire de Saparmyrat Nyýazow au Turkménistan

Petit pays méconnu de la scène internationale, le Turkménistan est l’un des nombreux états nés de la chute de l’URSS. Disposant d’un accès à la mer Caspienne et intercalé entre l’Iran (au sud), l’Afghanistan (sud-est), Ouzbékistan (nord) et disposant d’une frontière commune avec le Kazakhstan (nord-est), le pays est en grande partie composé de désert avec le désert de Karakoum qui couvre 80 % de la superficie du pays.

Le pays, à son indépendance, manque, selon son président nouvellement « élu », d’une identité propre. C’est là que Saparmyrat Nyýazow, le président, décide qu’il faut intervenir en profondeur pour faire du Turkménistan un grand pays, sur le modèle de la Mère Patrie russe. Mais ne pouvant s’appuyer sur d’autres ressources que le pétrole, le dictateur va trouver une idée originale.

Saparmyrat Nyýazow va tout simplement s’appuyer sur sa personne pour rassembler les turkmènes. Lui qui fut à la fois chef de l’Etat, chef du gouvernement, commandant suprême des armées et président du parti unique, décide de se renommer : il se nommera désormais Türkmenbaşy (comprendre « Chef des turkmènes »).

Et le pays subit alors un nettoyage en règle. Afin de faire oublier la présence russe il renomme la ville de Krasnovodsk, qui devient Türkmenbaşy. Le nom est également attribué au mois de janvier ou encore à une variété de melon. D’ailleurs, à peu près tout dans le pays est renommé : mois, objets du quotidien… Et bien sûr, aucun culte de la personnalité n’échappe à la passion des dictateurs pour les monuments gigantesques et les statues à la gloire des grands hommes même si, de l’aveu du président lui-même, elles ne parsèment le pays que parce que le peuple en a besoin.

Autre obsession qui touche le dictateur : le souvenir de sa mère qui se voit attribuer de nombreuses statues monumentales, dont certaines dans le désert, et dont le nom est repris partout également. Bon à savoir si vous vous y rendez : le pain se dit Gurbansoltan Eje, du nom de sa mère.

Enfin, le bon président décide qu’il est temps pour le pays de se trouver une ligne de conduite qui puisse rivaliser avec la Bible ou le Coran : il écrit donc le Ruhnama (Livre d’Âme) qui mélange contes nationalistes et règles de morale. Pour que la fête soit complète, ce livre devient aussitôt le support pédagogique obligatoire dans toutes les écoles du pays puisque, selon son auteur, celui qui le lira trois fois sera plus intelligent et ira directement au paradis.

 

La République populaire démocratique de Corée, pays du Juche

Kim Il-sung sur une affiche de propagande en Corée du Nord

S’il y a bien une chose qu’on apprend en suivant la géopolitique mondiale, c’est que plus le nom officiel d’un Etat s’enorgueillie d’être populaire ou démocratique, plus il y a de chances pour que le peuple ne soit pas toujours du même avis. La Corée du Nord ne fait pas abstraction à cette règle en optant pour un nom particulièrement nom et démocratique.

Fruit de la séparation de la Corée en deux états (le Nord communiste et le Sud libéral), la Corée du Nord est tout de suite rentrée dans la liste des pays les plus étonnants du monde par la personnalité de son leader : Kim Il-sung. Le personnage aura tant marqué le pays qu’il fut décrété à sa mort « Président éternel », ses successeurs se contentant du simple titre de chef de l’Etat.

Pays très étonnant, il fascine par ses ressemblances avec le roman 1984 qui dépeint justement un Etat totalitaire qui contrôle ses ressortissants avec une extrême sévérité. Pour donner un ordre d’idée, les camps de prisonniers sont remplis de Coréens dont les crimes ne sont pas toujours évidents. Pire, la moindre condamnation vous entraîne dans les camps avec toute votre famille et la vie s’organise avec violence dans ces lieux d’où on ne sort qu’une fois mort. Chaque Coréen sait qu’il peut être dénoncé par son voisin, entrainant avec lui la chute de sa famille tandis qu’un bon nombre de dénonciations peuvent lui ouvrir la porte de postes avantageux.

Tout comme le Turkménistan, le pays s’est forgé une quasi-religion : le Juche. Inspiré de la pensée marxiste, cette doctrine met en valeur la force du peuple qui doit choisir sa propre voie : étonnant quand on voit la manière dont le pays est géré.

Mais la Corée du Sud est aussi un pays qui inquiète : soupçonnée de posséder l’arme nucléaire, elle apparaît souvent comme provocatrice comme le démontre les bombardements de 2010 sur l’île sud-coréenne de Yeonpyeong. Qui plus est, le pays, malgré un équipement daté dispose d’une grande armée et menace régulièrement le voisin du Sud ainsi que les Etats-Unis qui sont vus comme une menace constante pour le bien-être du pays mais aussi du monde.

Et si le pays vous intéresse, sachez que des tour opérateurs proposent des voyages en Corée du Nord. Par contre, autant vous prévenir tout de suite : bien qu’étranger, on attendra de vous que vous suiviez les préceptes locaux. Il vous faudra donc rendre hommage au « Président éternel » dans l’un des nombreux monuments à sa gloire et supporter la présence constante de guides qui vous éviteront toute vue fâcheuse.